Les petits Mythos sont venus au Gallo !

Bilan muséologique d’une exposition à Saint-Romain-en-Gal.

Le blog Insula poursuit l’analyse des expositions ayant pour sujet la mythologie. Après avoir traité une exposition canadienne, retour en France avec l’exposition « Les petits Mythos arrivent au Gallo ! » qui s’est tenue au Musée de Saint-Romain-en-Gal (Rhône) du 30 mai au 1er novembre 2015.


Comme l’ont récemment rappelé Yannis Koukoulas et Matriana Missiou, la BD se prête « exceptionnellement bien à des productions mythologiques, grâce à leurs histoires et leurs héros qui peuvent être interprétés comme les mythes de notre époque »1. Dans cet esprit, le Musée Gallo-Romain de Saint-Romain-en-Gal (Rhône) a organisé en 2015 une exposition liée à la mythologie antique abordée par la bande dessinée :  « Les petits Mythos arrivent au Gallo ! ».

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Présentation

mythosL’exposition prend place dans la quasi totalité de l’espace dédié aux collections permanentes du musée. Elle consiste en un accrochage de dix panneaux associant les antiquités du Musée Gallo-Romain aux bandes dessinées de Christophe Cazenove et Philippe Larbier, Les Petits Mythos. Cette série, clairement destinée à jeune public, met en scène la jeunesse des dieux, héros et monstres de l’Antiquité. Les personnages principaux en sont Atlas, Totore (nom du Minotaure), Hercule et Aphrodite. Cinq tomes sont parus à ce jour aux éditions Bamboo.

En préambule, deux panneaux expliquent la démarche des commissaires ainsi que les sources utilisées dans la mythologie grecque. Les autres panneaux sont placés face aux œuvres du musée où figurent des personnages mythologiques. La plupart des antiquités choisies sont des mosaïques, une des spécialités du musée de Saint-Romain-en-Gal. Les personnages présentés sont :

  • Hylas (un des argonautes)
  • le dieu Océan
  • Hercule : deux fois, à travers une mosaïque et un buste romain
  • des dieux fleuves
  • Orphée
  • Aphrodite
  • des créatures mythologiques

L’exposition commence dès le hall d’entrée, avec la mosaïque d’Hylas. Tous les autres panneaux sont placés dans l’espace réservé aux collections permanentes, de l’autre côté de la passerelle. La grande mosaïque avec Dionysos, placée seule à l’étage supérieur, n’est pas prise en compte.

Traitement

Les panneaux sont organisés de la manière suivante, sans que l’ordre des items soit systématique :

  • nom du personnage dont il est question. Il s’agit toujours de la dénomination grecque, à l’exception d’Hercule qui a été préféré à Héraclès (mais il est alors spécifié sa correspondance grecque)
  •  l’histoire du personnage mythologique, sa fonction, ses plus célèbres aventures
  • une petite explication de l’œuvre représentée : son origine géographique, ses qualités plastiques, le mythe précis auquel elle fait référence…
  • la présence du personnage au sein de la bande-dessinée Les Petits Mythos. S’il n’est pas présent, les auteurs le rattachent à un autre personnage de la série. Ainsi pour le dieu Océan, le paragraphe nous parle de Poséidon, de Jason pour Hylas, du Minotaure pour les créatures…
  • des planches de la bande dessiné tirées des cinq tomes existants. Si la planche est complète, un petit résumé est donné

Un livret-jeu disponible gratuitement à l’accueil permet de compléter la visite avec de petites activités ludiques concernant cinq œuvres de l’exposition (labyrinthe, coloriage, jeu des sept erreurs…).

Bilan

affiche-mythosLe dispositif mis en place ressemble plus à un outil de médiation qui donne un point de vue décalé des œuvres, qu’à une véritable exposition au sens commun du terme2.

À l’exception de l’affiche de l’exposition, les auteurs de la série de bandes dessinées n’ont pas créé de dessins originaux pour l’occasion. On ne voit pas de nouveaux personnages (Océan, Hylas…), ni de nouvelles planches qui auraient pu prendre le musée pour cadre.

La création réside dans le discours qui a été élaboré conjointement par le musée et la maison d’édition, liant les œuvres et la bande dessinée de manière ludique. Les panneaux, concis et complets sur les personnages et œuvres évoqués, sont adaptés au public visé : les enfants, tant dans un contexte familiale que scolaire. Si des visiteurs veulent de plus amples informations, les cartels permanents peuvent répondre à leur attente. A contrario, pour aller plus loin dans le ludique, les enfants peuvent utiliser le livret-jeu.

Il ne faut pas oublier la dimension de merchandising d’une telle opération. Dans la boutique du musée, tous les tomes de l’univers des « Petits Mythos » sont disponibles ainsi qu’affiches et cartes postales. Le dernier tome paru, Détente aux Enfers, possède à la fin de l’ouvrage un petit dossier pédagogique reprenant les textes des panneaux et les œuvres du musée, offrant ainsi une grande publicité à l’établissement.

Cette exposition permet d’apprécier les liens qui peuvent être réalisés entre le monde des musées et celui de l’édition. Créée dans un but pédagogique, elle donne à voir des œuvres sous un aspect drôle et décalé. « Les petits mythos arrivent au Gallo ! » confirme l’importance de la bande dessinée dans la culture contemporaine et le renouvellement qu’elle peut apporter dans la compréhensions d’œuvres pourtant millénaires. Une exposition est avant tout une interprétation, élaborée pour permettre à chacun de (re)découvrir sa culture antique.

Références

« Les Petits Mythos »

Le Musée de Saint-Romain-en-Gal

  1. Yannis Koukoulas et Matriana Missiou, « La recréation de la mythologie grecque par les bandes dessinées ». La Bande dessinée historique : premier cycle : l’Antiquité, Presses de l’ Université de Pau, 2015, pp. 103-110. []
  2. Pour plus de détail voir la brochure que propose à ce sujet, le Conseil international des musées : http://icom.museum/… []

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Cyrille Ballaguy, « Les petits Mythos sont venus au Gallo ! », Insula [En ligne], ISSN 2427-8297, mis en ligne le 15 décembre 2015. URL : <https://insula.univ-lille.fr/2015/12/15/les-petits-mythos-sont-venus-au-gallo/>. Consulté le 28 March 2024.